Le Président du parti politique Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) peint un tableau en tout cas sombre du contexte sociosécuritaire et politique qui caractérise la République démocratique du Congo. Au travers du pays, Corneille Nangaa Yobeluo fait observer une crise sécuritaire aiguë, une situation sociale explosive, et parle d’un processus électoral non fiable. Il lance un SOS : « la nation est en danger ».
Dans sa déclaration politique rendue publique, jeudi 27 avril 2023 sur la situation de l’heure en RDC, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dit constater avec regret que des tueries à grande échelle se poursuivent et s’intensifient dans les provinces de l’Est du pays, notamment l’Ituri, le Nord-Kivu et Sud-Kivu. Il revient également sur les violences qui sévissent dans le territoire de Kwamouth, dans le Mai-Ndombe, partie Ouest du pays, où plusieurs civils sont morts, d’autres contraints au déplacement suite à un conflit foncier opposant les communautés locales, Téké et Yaka.
Pour Corneille Nangaa Yobeluo, les stratégies de sécurisation des populations civiles et d’éradication de l’insécurité mises en place par le gouvernement sont restées infructueuses. La première est proclamation de la gouvernance exceptionnelle de l’état de siège, qui, selon lui, est à l’évidence un « échec patent » dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri bien que le gouvernement s’entête à l’assumer.
Les agents publics à l’épreuve !
Au-delà des conditions sécuritaires dramatiques que traversent certaines régions du pays, le président du parti politique Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) révèle des impaiements quasi généralisés tant dans la capitale (Kinshasa) que dans les provinces. Une situation qu’il juge de « paradoxal » au moment où on clame les compétences budgétaires et embellies financières.
Corneille Nangaa Yobeluo note, par ailleurs que les derniers incendies meurtriers survenus au collège Mwanga de Kolwezi et à la prison centrale de Bukavu illustrent l’état « comateux » du service de gouvernance du pays. Il déclare : « tout donne à penser qu’il y a démission de l’État ».
Un processus électoral sans lendemain
L’ancien président de la CENI ne se réserve aucunement des critiques sévères vis-à-vis des opérations entreprises par ses successeurs à cet organe d’appui à la démocratie, ce, en prévision des élections générales au pays. Corneille Nangaa Yobeluo tacle : « La République est embarquée dans une aventure électorale sans lendemain, truffée d’incertitudes, avec une CENI monocolore et partisane, et dont les premières évaluations d’observation ne rassurent nullement le peuple congolais ».
Et de renchérir : « Les élections sont ainsi mal engagées et plombées d’avance, au regard des insuffisances technico-structurelles largement documentées par des experts patentés et des organismes crédibles engagés dans l’observation électorale ».
Corneille Nangaa Yobeluo mentionne, à cet effet, que l’opération d’enrôlement et d’identification des électeurs est jugée « chaotique et opaque » avec des statistiques artificielles et creuses.
En décembre dernier, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a fustigé le comportement de Corneille Nangaa Yobeluo qui jette le discrédit à la centrale électorale par des propos teintés de manque de respect.
Le deuxième vice-président de la CENI, Didi Manara avait déclaré au cours de la conférence de presse du 14 décembre, que Corneille Nangaa ne pouvait nullement s’ériger, ni en modèle de gestion ni en donneur de leçon parce qu’il a laissé des arriérés des loyers de la CENI à Kinshasa et dans les provinces. Il avait, par ailleurs, décrié d’autres irrégularités dont l’état délabré de l’immeuble abritant le bureau centrale de la CENI, hérité de la gouvernance de Nangaa.
Didy Vitava