Le Collectif des victimes survivantes des massacres de l’Est de la République démocratique du Congo (COVISMAE-RDC) salue l’annonce de la réactivation des enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI) en RDC, particulièrement en province du Nord-Kivu, dans la partie Est du pays. Cette organisation non gouvernementale félicite Kinshasa pour sa détermination de mettre fin à l’impunité des crimes graves commis dans cette région du pays, longtemps déchirée par des conflits armés.
« Nous félicitons le gouvernement pour ce pas qu’il vient de franchir. Selon la déclaration du Procureur de la CPI, c’est le gouvernement qui a plaidé pour que ces enquêtes soient menées au pays », déclare Léonce Akilimali, membre du COVISMAE-RDC.
Les enquêtes annoncées au Nord-Kivu par la Cour pénale internationale (CPI) porteront en priorité sur les présumés crimes relevant du statut de Rome. Le Collectif des victimes survivantes des massacres de l’Est de la RDC veut voir le gouvernement congolais faciliter la tâche à cette cour internationale.
« Espérons que le gouvernement ayant pris l’engagement de contacter la CPI va également aider la CPI dans les enquêtes parce qu’il a certaines responsabilités. D’abord, il doit livrer à la justice sans complaisance, tous les présumés criminels qui seraient cachés derrière les institutions de l’État. Donc, si quelqu’un est un haut responsable au sein du gouvernement ou d’une institution du pays et qu’à un certain niveau il a participé d’une manière ou d’une autre à ces crimes, nous estimons que le gouvernement sera souple de le livrer à cette justice internationale », explique-t-il.
…frustration et déception
« D’un autre côté nous sommes déçus de voir que les enquêtes que réactive la CPI cible une période. Pourtant, au Congo, il n’y pas que des crimes qui ont commencé en 2022, il y a des crimes qui ont commencé très longtemps. Vous voyez depuis les années 1998, il y a des crimes que nous connaissons en RDC mais qui restent jusqu’aujourd’hui impunis. Déjà de l’autre côté, les crimes commis à Beni ne commencent pas à 2022, mais lorsque on prend la période partant de janvier 2022 alors qu’il y a des crimes qui sont très sérieux et qui sont graves de ce côté, c’est comme si on semble délibérément ignorer ces crimes et revenir aussi à cette politique du silence qui s’entretient autour de ce que nous connaissons comme crimes en RDC. C’est donc une déception de ce côté là », dénonce Léonce Akilimali, membre du COVISMAE-RDC.
Il redoute, par ailleurs, que ces enquêtes de la Cour pénale internationale soient plus centrées sur les crimes commis par les groupes et forces armés dans les territoires où les rebelles du M23-AFC soutenus par le Rwanda, sèment terreur et désolation depuis fin 2021.
…les forces vives aussi critiques
La coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu se montre également peu satisfaite de la période concernée par ces enquêtes. Pour elle, la Cour pénale internationale (CPI) ne devrait pas se limiter à 2022 alors que plusieurs commis les années précédentes demeurent impunis.
« Nous encourageons ces enquêtes, néanmoins, nous nous demandons pourquoi ils ont préféré commencé en 2022 au moment où des crimes graves ont commencé à être commis à l’Est depuis 1996, et c’est cela que nous décrions. C’est un début, oui, mais ils doivent aussi revenir un peu en arrière pour que tous ces criminels puissent répondre de leurs actes », a déclaré John Banyene, président des forces vives du Nord-Kivu.
Entre- temps, l’organisation non gouvernementale de défense des droits humains Badilika, estime que la réactivation des enquêtes de la CPI est une réponse à la demande de la communauté congolaise, longtemps abandonnée par la justice internationale. Patrick Kambale Nguka, défenseur des droits humains et coordonnateur de cette ONGDH espère que les enquêtes de la CPI vont mettre fin à l’impunité toujours décriée au pays.
« Nous avons le rapport Mapping qui a répertorié plus de 600 cas des crimes commis sur le sol congolais à travers des rébellions. Et nous en tant qu’organisation de défense des droits humains nous saluons cette décision de la CPI d’autant plus que la communauté locale a besoin de la vérité, de la justice et de la réparation, dans le sens de lutter contre l’impunité sur le sol congolais », a-t-il dit.
C’est depuis lundi 14 octobre que la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé la « réactivation » de ses enquêtes en République démocratique du Congo, notamment sur les présumés crimes relevant du statut de Rome commis depuis janvier 2022 dans la province du Nord-Kivu. Le procureur adjoint de la CPI, Mame Mandiaye Niang explique que ces enquêtes ne se limiteront pas à des parties au conflit en particulier, ou à des membres de groupes spécifiques. Il précise également que la nature exacte des crimes concernés sera déterminée par les enquêtes.
Didy Vitava