La coordination urbaine de la société civile de Butembo (Nord-Kivu) pourra décider de renouer sa collaboration avec la Mission de l’organisation des Nations-Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) après que cette mission aura réuni toutes les couches sociales de la ville dans un atelier spécial. Et, c’est au cours de cet atelier que ces couches pourront définir la manière, les mécanismes et les stratégies à prendre pour renouer cette collaboration.
Le président de la coordination urbaine de la société civile de Butembo l’a déclaré au cours d’un point de presse ce jeudi 28 novembre 2024. Le révérend pasteur Mathe Saanane s’est adressé à la presse après avoir conduit en ville de Beni, une délégation de la société civile de Butembo qui a pris part à un atelier de deux jours organisé par la section des affaires sociales de la MONUSCO en vue de la relance de la collaboration entre la MONUSCO et les forces vives du Grand-Nord-Kivu.
« Pour renouer la collaboration avec la MONUSCO, nous avons émis des préalables. Nous avons demandé un atelier spécial dans la ville de Butembo qui réunira toutes les couches de la ville et que ces dernières pourront définir la manière et les mécanismes ou les stratégies que la ville pourra prendre pour renouer cette relation avec la MONUSCO », a déclaré Mathe Saanane.
Outre cet atelier spécial, la coordination urbaine de la société civile de Butembo soulève également l’épineux dossier des victimes de la marche anti-MONUSCO du 26 juillet 2022. Elle dit avoir demandé à la mission onusienne de se souvenir de ces victimes afin de redorer son image dans la ville.
« Nous avons un mauvais souvenir. Nous avons dit que pour que la MONUSCO redore son image dans la ville de Butembo, faudrait d’abord se souvenir des victimes qui sont tombées le jour de la marche le 26 juillet 2022. Nous avons également démontré qu’elle a déjà développé un sentiment de répressif contre la ville de Butembo par rapport à cet événement et que la MONUSCO en tant que parent ne devrait pas prendre cette attitude parce qu’elle sait pourquoi cette manifestation s’est improvisée jusqu’à ce qu’elle a été obligée de dégager de la ville de Butembo », a-t-il renchéri.
Pour rappel, la section des affaires civiles de la MONUSCO a organisé mardi 26 et mercredi 27 novembre en ville de Beni, un atelier d’engagement et d’échange entre la société civile du Grand-Nord-Kivu et la MONUSCO. L’objectif était de reprendre la collaboration pour un nouveau départ dans les relations entre les deux partenaires.
Lors du lancement de cet atelier, le chef du sous bureau de la MONUSCO Beni, monsieur Abdou Rahman Ganda avait émis le vœu de voir l’engagement formel de quatre coordinations de la société civile du Grand-Nord (Beni ville, Lubero, Butembo et Beni territoire) à renouer officiellement leur collaboration avec la MONUSCO tout en réitérant la forte détermination des casques bleus à contribuer à la pacification de la région de Beni.
En juillet 2022, des manifestations populaires contre la MONUSCO avaient secoué la province du Nord-Kivu. La population qui décriait la passivité des casques bleus face à l’amplification des violences armées au travers de la province exigeait leur départ. Au cours de ces manifestations, au moins 11 civils et 3 casques bleus avaient perdu la vie en ville de Butembo. Depuis lors, le climat de collaboration demeure tendu entre la mission onusienne et la population du Grand-Nord.
Toutefois, le président de la société civile de Butembo rapporte que les autres coordinations des forces vives du Grand-Nord-Kivu, notamment celles de Beni ville, Beni territoire et du territoire de Lubero, qui ont pris part à l’atelier de Beni, ont pris l’engagement de renouer la collaboration avec la MONUSCO.
Didy Vitava